Lors du Congrès national d’éducation physique de 1923 à Bordeaux, le professeur Clément Sigalas (1866-1944), doyen de la Faculté de médecine de Bordeaux, préconise la création d’instituts régionaux d’éducation physique rattachés aux facultés de médecine des universités. L’Institut d’éducation physique de l’Université de Bordeaux voit ainsi le jour en 1927. C’est le premier créé en France. Il devient ensuite l’un des centres les plus importants d’enseignement et de recherches appliquées à l’éducation physique.

• Ligue girondine d'éducation physique de Bordeaux et Société médicale d'éducation physique et de sport de Paris. - Congrès national d'éducation physique. Tome I : Informations et rapports (Bib. STAPS : FA EP 55-a); tome II : Discussions des rapports et communications individuelles. (Bib. STAPS : FA EP 55-b) - Bordeaux : Gounouilhou, 1923. - 395 p. 
• Savigny, Pierre. - L'institut d'éducation physique de l'Université de Bordeaux. - Bordeaux : Imprimerie-librairie Delmas, 1945. - 45 p. (Bib. STAPS : FA EP 88)

En 1969, les Instituts d’éducation physique, devenus IREPS (Institut de Recherche en Éducation Physique et Sportive) sont transformés en UEREPS (Unité d'enseignement et de recherche en Education Physique et Sportive). Ils échappent alors à la tutelle médicale. La bibliothèque de l’UEREPS de Bordeaux est créée à cette occasion.

Entre 1979 et 1991, le fonds s’enrichit considérablement grâce à divers dons et sous l’impulsion de Jacques Thibault (1923-1991) professeur des universités et président de l’UEREPS, devenue UFR STAPS en 1984. Ce spécialiste de l’histoire de l’éducation physique a notamment transmis à la bibliothèque des ouvrages de Philippe Tissié (1852-1935), personnalité bordelaise ayant beaucoup œuvré pour promouvoir l’éducation physique et en dynamiser les méthodes.

Auparavant civile et militaire, la gymnastique s’inscrit progressivement dans les enseignements scolaires. Napoléon Laisné (1811-1896) se situe à la charnière d’une gymnastique essentiellement militaire dans sa rigueur et d’une gymnastique civile qu’il s’efforce de faire évoluer dans sa nature et sa pédagogie.

La gymnastique suédoise, méthode créée en 1813 par Per Henrik Ling, est introduite en France en 1847, sous forme d’une thérapie corporelle. Elle ne s’y établit véritablement qu’à la fin du 19ème siècle, sous l’influence de Georges Demenÿ, Fernand Lagrange et Philippe Tissié.

C’est avec Pierre de Coubertin, Paschal Grousset et Philippe Tissié que s’affirme la notion d’éducation physique. Chacun a créé son propre mouvement, selon sa sensibilité et ses origines sociales. Malgré leurs nombreuses différences, tous trois partagent la même conviction éducative : faire évoluer le système scolaire et la vie à l’école en y intégrant des jeux organisés et des sports.

Pierre de Coubertin fonde en juin 1888 le Comité de propagande des exercices physiques, qu’il consolide avec La revue athlétique en 1890.

Paschal Grousset, alias André Laurie et Philippe Daryl (1844-1909) publie des ouvrages sur les mœurs scolaires en France comme à l’étranger. Rencontrant un immense succès, son mouvement aboutit à l’organisation du premier « Lendit » à Paris en juin 1889, qui comprend une série de 12 concours (bicycle, paume, disque, marche, course à pied, aviron, natation, équitation, saut, escrime, tir, boxe française). C’est la naissance officielle du sport scolaire et universitaire. Grousset publie la première encyclopédie des sports, divisée en quatre ouvrages dont Jeux de balle et de ballon : football, paume, lawn-tennis par un juge de camp, publié en 1894 (disponible sur Babord-Num).

Philippe Tissié (1852-1935) originaire de l'Ariège et issu d'un milieu modeste, découvre le vélocipède sur lequel il fait ses premières armes de sportif. Vivant de petits travaux de commis à Bordeaux, il s'attire la sympathie d'un médecin, le docteur Bériat, qui lui indique l'ouverture d'un concours pour devenir sous-bibliothécaire adjoint de la Faculté de Médecine. Tissié s'y présente, le réussit, mais son ambition ne s'arrête pas là : c'est le doctorat en médecine qu'il vise ensuite. Il obtient la mention « très bien » à la thèse qu'il soutient le 16 février 1887 : Les aliénés voyageurs. Essai médico-psychologique (disponible sur Babord-Num).

Son appartenance aux milieux cyclistes bordelais et à la société de gymnastique “La Bastidienne” favorise la création de la Ligue girondine d’Éducation Physique (1888-1892). Elle trouve son originalité dans l’organisation des « lendits » qui s’appuie sur les instituteurs et les sociétés de gymnastique. Dans La Revue des jeux scolaires d’octobre 1893, P. Tissié distingue les buts du sport des buts de l’éducation physique. Il va contribuer grandement à la diffusion de la gymnastique suédoise dans le cadre éducatif.

Promoteur de l’éducation physique et de la pratique sportive, Philippe Tissié a laissé de nombreux écrits, dont la plupart sont consultables sur Babord-Num.